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8 mai 2007 2 08 /05 /mai /2007 16:22

 

Chapitre 1 : "Le petit prince d'Angkor, page 3"

 

 

Photo : une chaussée de géants longue de 100 mètres conduit à la porte sud d'Angkor Thom, la ville aux douze kilomètres de murailles et aux cinq portes d'accès. Angkor Thom est l'oeuvre de Jayavarman VII, considéré comme le plus prestigieux monarque qu'ait connu le Cambodge, mais dont les impressionnants projets de construction ont laissé le peuple exangue.

 

Tu avais vite compris que la profession de réparateur de mobylettes ne suffirait pas à nourrir ta famille. Tu avais alors passé neuf mois à répondre aux clients d'un opérateur de téléphonie mobile fraîchement implanté dans ton Kampuchéa natal. Pour quatre-vingt dollars mensuels. Le comble, c'est que tu n'avais jamais eu les moyens de t'offrir un téléphone cellulaire. A vingt-trois centimes la minute, ton maigre salaire aurait été englouti en moins d'une heure et trente minutes de communications. Et puis, tu aimais trop le grand air et tes rizières pour sacrifier ta jeunesse dans un tout petit mètre carré, avec pour seul horizon une liste de phrases sur un écran d'ordinateur.

 

Là encore, tes gains mensuels s'avéraient insuffisants. La subsistance des tiens requérait un minimum de cinquante dollars chaque mois. Il te fallait, en outre, subvenir à tes propres besoins : pour gagner un peu d'argent, tu avais du quitter ton village natal pour t'installer à la ville. Certes, seuls trente kilomètres séparaient Siem Reap de ton Mother's Land. Tu qualifiais ainsi ton village, avec l'once de nostalgie d'un adolescent séparé des siens dès l'âge de seize ans. La survie de toute ta famille en dépendait. Parcourir ces trente kilomètres demandait plus d'une heure de mobylette sur une piste cahoteuse et inconfortable. Encore fallait-il disposer d'un tel véhicule. Pour les autres, restaient le vélo, les bus ou les camions. Et toi, tu n'avais évidemment pas les moyens d'acheter une mobylette.

 

Ton oncle et ta tante t'hébergeaient dans leur maison pour le moins exiguë. Avec les trente dollars que tu t'accordais, tu devais te nourrir, t'habiller et économiser pour financer tes cours d'anglais dans une école privée. Pour toi et les jeunes de ta génération, le salut venait de la maîtrise d'une langue étrangère. L'anglais, en premier lieu. Et, si possible, le japonais. Ton pays dépendait de l'aide internationale. Il ne possédait ni industries, ni ressources naturelles. Ou si peu. Ton peuple comptait sur le développement de l'industrie touristique pour engranger les subsides nécessaires à son quotidien. On parlait là de survie, de l'essentiel. Pour toi. Pour ta famille. Pour ton peuple.

 

Votre seul salut résidait dans la pratique courante de la langue de vos visiteurs. De ces hordes de touristes qui venaient admirer le vestiges de votre grandeur d'antan. Comment vos ancêtres, après avoir érigé, entre le huitième et le treizième siècles, l'une des civilisations les plus brillantes de l'histoire de l'Humanité avaient-ils pu conduire progressivement leurs descendants à cette décadence, à cette pauvreté extrême, à cette triste période de répression, de terreur, de famine et d'extermination d'un cinquième de votre nation ?

 

Pour connaître la suite de l'histoire, rendez-vous le vendredi 11 mai 2007
 
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New : mon camino portugais!

Lorsqu'en mai 2012, j'ai entamé au Puy-en-Velay mon itinéraire jacquaire, j'étais loin d'imaginer succomber à la magie de ces voies légendaires. Et repartir sur la Via Lusitana moins de six mois après mon arrivée à Saint Jacques de Compostelle. De Lisbonne, je me suis lancée le 20 avril 2013 sur le "caminho portugues". S'il souffre parfois de longues portions de routes asphaltées et dangereuses, ce chemin n'en demeure pas moins fondamental...pour l'Histoire de l'humanité !

Pour tout savoir sur cette Via Lusitana, cliquez sur COMPOSTELLE 2013

Et bien sûr,  la rubrique Via Podiensis et Camino Francés, cliquez sur COMPOSTELLE 2012

Compostelle 2012

1600 kilomètres ! Partie du Puy en Velay le 5 mai 2012, j'ai marché jusqu'à Saint Jacques de Compostelle en 4 fois : 11 jours en mai, 13 en juin, 11 en août et 33 en septembre-octobre. Après une journée de repos à Saint Jacques de Compostelle, j'ai atteint l'objectif que je m'étais fixé en ralliant Fisterra, la fin des terres galiciennes, tournée vers l'Amérique, les pieds dans l'Océan. De belles rencontres chaleureuses, des encouragements mutuels, le respect de la nature et d'autrui, l'entraide de tous les instants, entre pèlerins et autour des pèlerins, cheminement intérieur et spirituel ont jalonné cette merveilleuse aventure humaine. J'ai salué Saint Jacques dans sa dernière demeure le 22 octobre 2012 sur le Champ des Etoiles, après avoir fêté mes cinquante ans au sommet d'O Cebreiro, et noyé mon regard dans l'azur de l'atlantique le 26 octobre avant, pour la première fois depuis le départ, de rebrousser chemin pour redescendre du phare de la fin des terres ! Pour accéder à la liste à jour des articles publiés, et au détail des articles sur Compostelle 2012, Via Podiensis et Camino Francés, CLIQUEZ ICI

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