Jour 4 : jeudi 11 octobre 2007
Bonjour à toutes et à tous
Ce jour est consacré à l'amour, au chakra du coeur, à la beauté. Nous sommes à Agra depuis hier soir, après notre visite à Fatehpur Sikri. Du grand-père l'empereur moghol Akbar au petit-fils l'empereur de même lignée Shah Jahan, nous voguerons de la tolérance à l'amour éternel. En cette troisième journée de notre périple, nous nous levons aux aurores. Objectif : admirer le lever de soleil sur le Taj Mahal. Le second objectif de la journée consiste à admirer le coucher de soleil sur le même monument !
Photo N°1 : voir le Taj Mahal et mourir. Du toit-terrasse de l'hôtel Kamal, sis dans le quartier de Taj Ganj à 5 minutes de l'édifice, nous savourons ces premières heures de la journée face à l'un des plus somptueux monuments de notre belle planète. Agra, Uttar Pradesh, octobre 2007.
L'hôtel est situé à 5 minutes du Taj Mahal. Il s'est doté d'une terrasse, et jouit ainsi d'une situation exceptionnelle puisqu'il n'y a aucun autre immeuble, du moins plus haut, entre lui et le Taj Mahal. Nous avons calculé l'heure du lever de soleil, les instants magiques et si précieux pour les photographes où le marbre s'enflamme des couleurs saumonnées de l'aube. Il est 6h45, nous arrivons devant les guichets d'entrée du Taj. Les autorités indiennes ont considérablement relevé les tarifs de leurs tickets d'entrée pour certains sites. Le Taj Mahal, fleuron du tourisme indien, en fait partie. 750 roupies l'entrée pour les touristes, soit 15 euros. Les locaux, eux, ne doivent s'acquitter que de 20 roupies, soit 40 centimes d'euros. S'il me semble normal, eu égard à la différence de nos niveaux de vie respectifs, que les étrangers payent plus, peut-être faudrait-il songer à ne pas tarir la rivière d'argent, tant en Inde que dans de nombreux autres pays. Cela me rappelle le Vietnam et la ville de Hué, par exemple, où l'étranger devait s'acquitter (en 1995) de 50 francs (environ 8 euros) pour la visite de chaque tombeau. Résultat, l'étranger sélectionne ses tombeaux, en visite un, deux tout au plus. Vaut-il mieux des sites déserts que des sites dont le tarif redevient raisonnable pour l'étranger, et donc fréquentés ?
Photo N°2 : les couleurs des saris et l'animation engendrée par les déambulations des milliers de visiteurs quotidiens ajoutent à la splendeur du site porteur d'éternité le souffle de la vie. Agra, Uttar Pradesh, octobre 2007.
Le Taj Mahal est un hymne à l'amour éternel. La reine Mumtaz Mahal, avant de s'éteindre en mettant au monde le quatorzième enfant de son union avec l'empereur moghol Shah Jahan, fit promettre à son époux de lui faire édifier un tombeau qui proclamerait au monde entier leur amour. 22 ans furent nécessaire à l'édification de ce monument. 22 : ce maître-nombre symbolise la construction pour les autres, pour l'humanité, pour l'univers, pour l'amour. Un être (un édifice ???) qui naît sous la vibration du 22 peut, s'il évite les pièges et surmonte les obstacles, servir l'humanité par ses incroyables énergies de maîtrise de la matière. Les travaux débutèrent en 1632. 20 000 ouvriers oeuvrèrent à la construction, sous la houlette de l'empereur en personne. Le plan se réfère au concept islamique du paradis : le carré sur lequel se dresse le Taj Mahal représente l'univers matériel, l'édifice principal, octogonal, la phase transitionnelle, le dôme, la voûte céleste, unissant ciel et terre.
Photo N°3 : Lorsque l'on pénètre sur le site du Taj Mahal, si l'on est à l'écoute des rayonnements du lieu, notre chakra du coeur est immédiatement touché, comme par une flèche invisible. Cette flèche, tout au long de la visite, et bien au-delà de la durée de celle-ci, s'attachera à ouvrir ce chakra de manière à laisser éclore le joyau qu'il renferme : notre capacité à aimer, mais aussi (avant toute chose ?) à nous aimer, de manière inconditionnelle. L'être humain recherche sans cesse l'amour des autres, et agit souvent dans ce seul but. A contrario, la plupart du temps, de ses propres inspirations et aspirations. L'équilibre entre s'aimer et être aimé d'autrui est un art qui s'enseigne et s'enrichit au fil des découvertes et des réminiscences des temps et des lieux. Agra, Uttar Pradesh, octobre 2007.
Le tarif d'entrée du Taj s'entend pour une seule visite dans la journée. Impossible d'entrer le matin pour admirer l'édifice au lever de soleil, de ressortir pour visiter les autres monuments de la ville et de revenir en fin d'après-midi pour le coucher de soleil... à moins de repayer une seconde fois le ticket d'entrée. Nous décidons donc de nous délecter des couleurs de l'aube depuis le toit-terrasse de l'hôtel, et de n'entrer dans le site qu'en milieu d'après-midi.
Photo N°4 : L'entrée de l'Itimad-ud-Daulah, surnommé le Baby Taj. Marbre, incrustation de pierres précieuses, sérénité, pureté, solennité. Agra, Uttar Pradesh, octobre 2007.
Pour l'heure, Françoise nous entraîne, Patricia et moi, en quête de son ami indien Lucky, rencontré lors d'un voyage précédent. Elle demande, ça et là, aux conducteurs de rickshaws en attente de touristes. Soudain, l'un d'eux lui répond : "oui, oui, je le connais. Attendez un instant, je reviens". L'indien est parti téléphoner. Quelques échoppes ont un téléphone, voire une cabine téléphonique. Il parle quelques secondes. Revient en souriant. Lucky sera là dans une dizaine de minutes. Il arrive, très vite, sur une moto empruntée à un ami. Les retrouvailles sont émouvantes. Nous nous mettons un peu en retrait. Lucky nous accompagnera toute la journée dans la visite d'Agra. Souriant. Toujours souriant. Nous louons deux rickshaws. Et partons à la découverte de la cité. Nous donnons du temps au temps, ne souhaitant pas absolument tout voir à Agra, d'autant plus que nous y sommes déjà venues. Cette fois, nous décidons de visiter le mausolée de Mizra Ghiyas Beg, ministre en chef de l'empereur Jahangir, fils d'Akbar et père de Shah Jahan. Surnommé le Baby Taj, ce tombeau dénommé Itimad-ud-Daulah, rappelle l'architecture du Taj, et fut le premier édifice moghol entièrement en marbre.
Photos N°5 et 6: L'Itimad-ud-Daulah, surnommé le Baby Taj. Le marbre dans toute sa splendeur. Perspectives et détails. Agra, Uttar Pradesh, octobre 2007.
Sous le soleil de plomb du milieu de journée, nous remontons à bord de nos rickshaws, en direction du Mehtab Bagh, de l'autre côté de la rivière Yamuna, déjà asséchée deux mois après la fin de la mousson. Nous ne visiterons pas ce parc, mais pourrons admirer le Taj Mahal sous un autre angle. Nous pourrions jouir de ce spectacle inlassablement. Demain, déjà, il nous fardra reprendre la route, et laisser derrière nous ce chef d'oeuvre de beauté sublime, d'harmonie, d'amour enflammé et d'intemporalité. Le Taj Mahal fut, est et sera une oeuvre hors du temps, et digne des plus grands architectes pour la beauté des édifications humaines.
Photo N°7 : De l'autre côté de la Yamuna, une vue imprenable sur le Taj Mahal. Le silence en sus. Car de l'autre côté de la rive, les touristes prennent le Taj d'assaut. Agra, Uttar Pradesh, octobre 2007.